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L'Humain est notre exigence.

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L’inclusion pour tous : à quel prix ?

Difficile de rester impassible à l’annonce des mesures figurant dans le dossier de presse publié par le gouvernement dans la foulée de la Conférence Nationale du Handicap.

 

Sur la forme, le collectif handicap s’est ému à juste titre sur la méthode employée par les services ministériels et ceux de la Présidence de la République afin d’aboutir à cet écrit : opacité du travail préparatoire, absence de concertation et surtout de dialogue lors de la conférence elle-même, puisque la prise de parole présidentielle est venue conclure les travaux de la journée, sans que les annonces n’aient pu seulement faire l’objet de premières discussions et commentaires. En toute verticalité.

Sur le fond, il serait excessif de dire que rien ne va dans le bon sens, à propos des mesures annoncées.

Il est en revanche lucide d’y voir un démontage en règle du fonctionnement des établissements spécialisés, avec pour fondement idéologique la sacro-sainte « inclusion », devenue dogme, qui a déjà ses fidèles et bientôt ses sacrifiés.

Car les annonces de la Conférence Nationale du Handicap (lues dans le Dossier de presse) ont de quoi laisser pantois.

L’Acte II d’une école pour tous. (Qui se souvient d’ailleurs de l’acte I ?)

L’ambition affichée est de « mettre fin aux établissements fermés dans lesquels les enfants vivent à part ». On croit faire un mauvais rêve. Vous êtes-vous trompé de siècle ? Au temps de Molière n’affirmait-on pas « qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage » ?

Cela fait plus de trois décennies que les IME de notre Association ont mis en place des passerelles avec le milieu ordinaire, par le biais initialement des classes externalisées dans les murs des Ecoles (et oui, les écoles ont aussi des murs !). Puis ont suivi les enseignements partagés, encouragés par le développement des SESSAD, en articulation avec les enseignants et les familles. Des tentatives, souvent réussies, d’un milieu à l’autre, finissent d’attester, preuve à l’appui, que nos structures, loin d’être retranchées sur elles-mêmes, comme on s’amuse à les caricaturer, s’inscrivent dans une politique bien comprise de l’inclusion, celle qui se fait au rythme de l’enfant, suivant son projet et ses capacités.

Combien d’enfants sont passés de l’école ordinaire, lieu parfois d’ostracisme, lieu d’exclusion, à l’IME et s’y sentent bien désormais parce que l’on répond à leurs attentes et leurs besoins par des accompagnements personnalisés et spécialisés ? Nous avons les dossiers de ces jeunes ; ils sont à la disposition de qui veut s’en emparer. Car les IME trouvent leurs détracteurs souvent parmi ceux qui ne les connaissent pas, peu parmi ceux qui les ont fréquentés.

Les expériences récentes d’une inclusion peuvent nous donner un autre regard sur la politique mise en œuvre.

L’Ecole accompagne les enfants en situation de handicap par le truchement d’AESH, personnels peu qualifiés, ne connaissant pas le handicap, très peu formés par l’Education Nationale elle-même, et partagent leur temps entre plusieurs enfants, ayant des difficultés multiples et différentes, le tout pour un salaire équivalent au SMIC.

Dans la plupart des cas, aucun lieu n’est prévu pour des accompagnements spécifiques permettant des interventions ciblées, qu’elles soient éducatives ou rééducatives.

Les enseignants ne sont très majoritairement pas formés et quand bien même ils le seraient, nous leur souhaitons bien du courage pour animer des séances au sein d’une même classe, avec des profils d’enfants qui seront demain si diversifiés. Comment mener des apprentissages fondamentaux (s’exprimer, lire, écrire, compter) avec des enfants présentant une dyslexie, un trouble envahissant du développement, des troubles du comportement ou encore un déficit intellectuel ? Comment répondre efficacement à cet ensemble de « besoins éducatifs particuliers » ?

Le constat est fait que les inclusions en milieu ordinaire dépendent de l’implication du chef d’établissement ainsi que de l’engagement des enseignants pour construire les liens nécessaires à la démarche. Nombre de celles effectuées pour créer ces liens n’ont trouvé d’écho favorable. Le handicap inquiète, surtout sans les moyens qui assurent la sérénité des professeurs pour aller à la rencontre de ce nouveau public. L’expérience récente d’une UEEA pourtant correctement financée et accompagnée par une équipe éducative et médico-psycho-sociale expérimentée sur Courrières laisse entrevoir l’ampleur des difficultés à venir.

Aussi, je ne peux m’empêcher de penser aux générations sacrifiées sur l’autel du dogme de l’inclusion, surtout si elle se fait sans moyen.

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