Jeudi 20 novembre 2025, la salle des fêtes de Souchez a accueilli plus de 150 personnes venues assister au colloque du Comité de Réflexion éthique de La Vie Active consacré à la question de la facilitation de l’accès aux soins des personnes vulnérables.
Ce colloque, dont le succès témoigne d’un intérêt croissant pour la démarche éthique, s’appuyait sur l’avis éthique publié sur cette thématique par le Comité de Réflexion éthique de La Vie Active.
En introduction, le Dr Pierre Valette, Philosophe et Chef de service au SAMU 62, a rappelé que l’accès aux soins repose sur un équilibre fragile entre besoins, offre et demande. Déserts médicaux, renoncements aux soins, complexité administrative… sont autant de témoignages d’une rupture de cet équilibre, et autant d’enjeux de démocratie sanitaire.
Le colloque s’est poursuivi par la diffusion d’un film explicitant le travail d’habituation aux soins réalisés par les professionnels de l’IME Louis Flahaut de Liévin et du Centre Hospitalier d’Arras auprès d’un jeune atteint d’un trouble du spectre autistique. Cette habituation progressive a pour objectif de permettre de réaliser des actes médicaux sans sédation, et est une démonstration concrète de ce que peut produire la coopération entre secteur médico-social et secteur sanitaire lorsque l’éthique guide l’action.
Les échanges se sont ensuite prolongés avec la première table ronde consacrée à la question « mieux se comprendre pour mieux accompagner ». Paul DUCHESNE, Doctorant en droit de la santé, C3RD, Faculté de droit de l’université catholique de Lille, Sophie LEMARIÉ, Orthophoniste, formatrice, autrice et membre du comité Santé BD, Shahab RASSOULI, Agent de Service Intérieur au Dispositif humanitaire et traducteur, Mohamed IBRAHIM ISSA , Agent de Service Intérieur au Dispositif humanitaire et traducteur, Simon MARECHAL, Responsable Régional – Emmaüs Connect Hauts de France, et Eric FORESTIER, Directeur de l’Ingénierie Sociale, Les Papillons Blancs Roubaix-Tourcoing ont explicité ce qu’était réellement la vulnérabilité. Ils ont ainsi pu rappeler qu’elle n’est jamais un état figé, mais bien qu’elle dépend de l’âge, de la santé, de la langue… ainsi que de tout un ensemble de situations sociales que notre société produit.
Les différentes prises de paroles ont mis en lumière des pistes concrètes pour améliorer la compréhension mutuelle : des supports de communication clairs (Santé BD, supports visuels, outils numériques, tableaux de communication…), la pratique du Facile A Lire et à Comprendre, la lutte contre la fracture numérique… Les participants ont également insisté sur l’importance de la langue et de la culture, saluant le travail des Ambassadeurs de l’intégration, innovation porté par La Vie Active auprès des personnes exilées.
Ainsi, cette première table ronde a pu montrer que la vulnérabilité n’est pas un problème individuel, mais un enjeu collectif, auquel les professionnels répondent avec une palette d’outils de plus en plus riche.
La deuxième table ronde intitulée « mieux coopérer pour mieux soigner » a quant à elle permis d’approfondir les questions de coopération entre secteur médico-social et secteur sanitaire. Romain STRASSER, Educateur Spécialisé au CAES de Nédonchel, Fathia BESBAS, Directrice opérationnelle à la Clinique de la Mitterie, et le Dr LOUVRIER, Psychiatre et Directeur de l’association Le Cheval Bleu ont tous mis en avant l’idée que la coopération ne naît pas spontanément, elle se construit.
Un maillage local efficient exige l’identification de professionnels bienveillants et volontaires, le développement de réseaux de santé réellement accessibles, le conventionnement entre structures…. C’est cette construction progressive qui permet l’exercice effectif du droit aux soins pour les personnes les plus vulnérables.
Enfin, pour conclure, Capucine Fauquembergue, Directrice à l’association Hélène Borel et Vice-Présidente du Collectif Santé en Danger, a rappelé que si la problématique de l’accès aux soins touche désormais toute la population, les personnes vulnérables se heurtent elles à des obstacles supplémentaires. Dès lors elle a insisté sur la nécessité de reconnaître la vulnérabilité sans la stigmatiser, de rendre les soins accessibles par l’adaptation et la pédagogie, et de mettre le système au mouvement au service des personnes accompagnées.
Merci à l’ensemble des intervenants pour la qualité des échanges et la diversité des perspectives envisagées. Merci à l’ensemble des participants dont l’engagement, la créativité et la volonté d’agir ensemble constituent la meilleure réponse aux défis sanitaires de demain.
